Tribune : les salariés "choqués" après l'annonce des négociations exclusives

PARIS, 7 nov 2007 (AFP) - Les salariés de La Tribune étaient "choqués" mercredi 7 novembre au soir après l'annonce par des communiqués de presse de l'entrée en négociation exclusive de LVMH avec News Participations, holding personnel d'Alain Weill, pour l'acquisition du titre par ce dernier, ont-ils témoigné.

"Les salariés sont choqués par la méthode de l'annonce. Nous pensions en avoir la primeur lors du comité d'entreprise" prévu jeudi sur le sujet, a déclaré à l'AFP Marie-Caroline Lopez, secrétaire du comité d'entreprise.

"L'ambiance est très électrique, parce qu'on a l'impression d'avoir été floués", a indiqué Dominique Bourgoin, délégué FO, précisant cependant que "ce soir, il n'y (avait) pas de réaction contre Alain Weill".

Réunis en assemblée générale, les salariés encore présents dans les locaux du journal en début de soirée ont décidé à une courte majorité de ne pas se mettre en grève immédiatement.

Une motion a été adoptée et un nouveau vote sur une grève devrait être organisé jeudi, a précisé M. Bourgoin.

Dans cette motion, les salariés déplorent avoir été "mis devant le fait accompli" et jugent que LVMH a "bafoué les élus et renié sa parole de façon répétée".

"Les informations en possession des élus sur l'offre de reprise d'Alain Weill ne permettent pas de jauger la crédibilité de son projet pour assurer le pérennité de La Tribune", ajoutent-ils.

Les salariés considèrent en outre que "la sélection par LVMH d'un repreneur ne reflète que les intérêts spécifiques de Bernard Arnault. Il laisse également penser, selon eux, que son choix s'est porté sur le projet qui fera le moins d'ombre aux Echos" qu'il vient de racheter et demande à la ministre de l'Economie de "contrôler l'impartialité du processus de vente".

"Les informations dont on dispose sont insuffisantes. On n'a aucune précision sur son projet éditorial. Ce qui nous a été transmis (par la banque Lazard, banque conseil de LVMH, ndlr) est succint", a confirmé Mme Lopez.

"Il n'a pas de fonds propres, car son seul actif (dans News Participations) est sa participation dans NextRadioTV, ce qui n'est pas liquide, on ne sait pas combien il compte investir dans La Tribune et ses engagements sociaux sont insuffisants", a-t-elle ajouté.

"En dehors de son projet qu'on ne connaît pas, Alain Weill est un industriel qui a réussi de façon incontestable dans la radio, mais cette réussite s'est faite au prix de coupes dans les effectifs extrêmement sévères. Sur le plan social, nous sommes plutôt inquiets de cette candidature", a réagi de son côté Jean-Baptiste Jacquin, membre de la Société des journalistes de la Tribune.