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Paul Kaplan
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20 janv. 2018
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Vetements : de l'art nécessaire de l'appropriation

Traduit par
Paul Kaplan
Publié le
20 janv. 2018

« Tout est appropriation, n'est-ce pas ? Je pense qu'il faut être honnête là-dessus. Nous vivons dans un monde qui déborde d'influences, qui existent pour être copiées », soutenait Demna Gvasalia, en marge du défilé Vetements.


Vetements - Automne 2018 - PixelFormula

 
Tous les journalistes de renom - ainsi que Courtney Love, assise au premier rang - ont migré vers le nord de Paris pour assister à ce défilé organisé fort à propos dans le Marché Paul-Bert, dans les Puces de Saint-Ouen : un dédale de magasins d'antiquités, entre lesquels se faufilaient les mannequins. Et quels mannequins ! Une jeunesse insoumise, parfois originaire de la Géorgie natale du créateur, qui marchait d'un pas assuré et crâneur au milieu du public composé de fashionistas et d'antiquaires tantôt amusés, tantôt furieux.

Les vêtements eux-mêmes étaient à la fois beaux et bizarres - notamment ces chemises farfelues imprimées, où se heurtaient des images de bâtiments, de bonbons et même de Marilyn Manson. Une impression diffuse de soldats qui rentrent au pays ou de réfugiés vêtus de treillis, de pantalons cargo et de manteaux d'officiers criblés de trous. Une collection parfaite pour se rendre à une rave party par une nuit d'hiver - de grosses parkas, à nouveau recouvertes d'insignes Vetements ou de logos extérieurs. Et aux pieds, les chaussures de la collaboration actuelle avec Reebok, des sneakers volumineuses à large semelle.

« L'idée était de leur donner un air vraiment ancien, usé. À vrai dire, c'était très difficile », expliquait le créateur.
 

Vetements - Automne-hiver 2018 - © PixelFormula


Il s'agit de la première collection Vetements présentée depuis le transfert du quartier général de la marque en Suisse. L'influence helvète se faisait sentir dans la qualité du produit - même si les vêtements ont été fabriqués en Italie. Un street style très sophistiqué, malgré le premier passage du défilé, une fausse bourgeoise avec un grand manteau en nylon marron à manches jacquard bleues et des lunettes de soleil à la Jackie O. Mais l'élément le plus notable était l'apparition d'un nouveau type de lettrage, toute une série de mots et de phrases mélangés sur des T-shirts amples. Sur l'un d'eux, on pouvait même lire « Russia Don't Mess with Me » (« Russie, ne me cherche pas »), un clin d'oeil à la jeunesse de Demna Gvasalia, dont la famille a dû fuir sa région natale d'Abkhazie quand il était enfant, après la guerre contre les Russes.
 
De fait, il s'est repenché sur des références de sa propre jeunesse, quand il rêvait de posséder des objets interdits en Union soviétique, comme un T-shirt Marilyn Manson.

« Le but était de découper en morceaux mes T-shirts préférés : on a donc créé un message plutôt étrange. Ce n'était pas le but au départ, c'est le hasard qui l'a décidé », reconnaissait Demna Gvasalia dans un sourire, un peu à l'écart du marché aux puces.

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