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23 nov. 2022
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Weturn lance MTr, une nouvelle matière recyclée "made in Europe"

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23 nov. 2022

MTr, soit la contraction du mot 'matière', c'est le nom choisi par Sophie Pignères pour désigner la première "marque ingrédient" de sa start-up française Weturn, qui met en lien depuis 2020 les marques de mode et la filière recyclage concernant la revalorisation de leurs textiles inutilisés (vêtements invendus, chutes, rouleaux de tissu…). MTr rassemble les matières recyclées (coton et laine) tissées et tricotées par les partenaires de Weturn après que l'entreprise a traité les gisements que lui confient les griffes pour en faire de nouveaux fils.


Les textiles recyclés signés Weturn, et l'étiquette MTr - DR


"MTr n'est pas un label. C'est une marque de matières recyclées et entièrement traçables, qui ont vocation à être diffusées chez tous les acteurs du secteur en BtoB, à la manière de Gore-Tex", explique Sophie Pignères. Cette dernière souhaite ainsi donner de la visibilité au projet (par un logo qui sera apposé sur les produits finis ou leur étiquette) mais aussi rendre concrète la possibilité d'industrialiser le recyclage textile en boucle fermée dans le domaine de la mode, de la grande distribution au luxe.

MTr a été mis au point en partenariat avec l'agence Pixelis, les étudiants de l'Institut français de la mode et la start-up Fairly Made.

Depuis quelques semaines, Weturn fait ainsi vivre un showroom de matières recyclées mises au point par des tricoteurs et tisseurs situés France, alors que les fils recyclés viennent d'Italie et d'Espagne. "Il n'existe pas de filateur-recycleur de coton de qualité en France", tient à préciser la dirigeante. Weturn propose une collection permanente de matières, mais en élabore de plus en plus sur le principe du sur-mesure, pour des marques à partir de leurs propres gisements.

De premiers vêtements créés



Pour illustrer l'application possible dans le champ du prêt-à-porter, Weturn dévoile en même temps une mini-collection nommée Rod, composée de quatre vêtements confectionnés en France à partir de fils créés avec des chutes de la marque de literie Bonsoirs et des invendus du groupe LVMH. On recense un t-shirt, un pull, une veste et une surchemise aux lignes épurées. "Nous ne voulons pas apporter une nouvelle marque de mode sur le marché, Rod a surtout valeur de démonstration, pour signifier aux marques qu'elles peuvent produire des vêtements recyclés de qualité, et à un prix accessible", appuie-t-elle.


Modèles de la collection Rod - Weturn


Un petit stock a tout de même été produit à destination du grand public, et des précommandes sur le site de Weturn devraient être organisées pour tester l'appétence des consommateurs. Des produits étiquetés entre 44 et 170 euros. "Nous ne connaissons pas notre audience BtoC, c'est avant tout une expérience!".

Offensive sur plusieurs fronts, la start-up -qui a remporté le 'LMVH Innovation Award Sustainability' en 2022-, débute en ce moment un test pour assurer elle-même le démantèlement manuel de matières avant recyclage. Un atelier monté en partenariat avec un ESAT (établissement et service d'aide par le travail), qui est situé dans son site logistique du Loiret. Y sont réalisés les étapes du "délissage", qui consiste à retirer les boutons, zips et autres étiquettes des vêtements, mais aussi le découpage en bandes textiles puis le stockage en balles.

Un nouvelle plateforme et une levée de fonds pour 2023



Le prochain chantier? Créer un outil web permettant de dispatcher efficacement les textiles à traiter par filière et par opérateur, selon la composition des lots textiles des marques, pour faciliter leur orientation vers les acteurs du recyclage, du don, de l'upcycling ou de la seconde main par exemple. "Le manque de données sur les matières complique le recyclage. Et les cahiers des charges pour le tri diffèrent selon les filières. Nous voulons créer une interface unique, afin qu'à terme 30% des déchets textiles soient revalorisés au sein même de la filière, en boucle fermée, contre 1% seulement actuellement", expose Sophie Pignères.  

Pour financer ces multiples objectifs, Weturn, qui emploie huit personnes dans ses bureaux parisiens, est en passe de réaliser sa première levée de fonds, qu'elle espère concrétiser au premier trimestre 2023.

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