
Matthieu Guinebault
13 févr. 2015
Daniel Wertel (FFPAPF ) : "L'ouverture dominicale me semble juste"

Matthieu Guinebault
13 févr. 2015
A l’occasion de la publication du bilan chiffré du prêt-à-porter féminin pour l’année 2014, le président de la fédération du secteur, Daniel Wertel, livre ses vues sur ce qui attend le marché en 2015, et sur les discussions engagées avec l’exécutif pour ne pas enrayer son développement.
FashionMag : A quoi ressemblera, selon vous, l'année 2015 pour le prêt-à-porter féminin ?
Daniel Wertel : Difficile à dire, car les achats dépendent de beaucoup d'éléments. En particulier du climat et des envies qu'auront les consommatrices durant les prochaines saisons. C'est d'ailleurs toute la difficulté d'être fabricant de prêt-à-porter. Le temps doux de 2014 a amené les achats à se tourner vers les pièces légères au détriment des plus grosses. Et côté budget, on voit se poursuivre le découpage des budgets par tranche d'âge. Car la mode représente une action sociale de la consommatrice. Quand on a besoin de se mettre en image, comme les plus jeunes consommatrices, il est donc normal de voir des budgets si importants. Ces résultats sont le reflet d'une activité sociale.

FM : La part des prix barrés tend à réduire sa progression. Peut-on espérer une stabilisation ?
DW : Les prix barrés vont être notre combat. Les choses se font rarement toute seules. Les problèmes se posent de manière urgente car les entreprises arrivent à un moment où elles ne peuvent plus comprimer leurs marges. Notre projet est de nous attaquer aux soldes. Notre avis est qu'elles se tiennent un mois trop tôt dans les saisons, et qu'elles durent trop longtemps. Quatre semaines, cela serait largement assez généreux. Ce n'est pas un problème de régulation, car celle-ci peut se faire naturellement. Les soldes se faisant trop tôt, les marques ne vendent plus rien car les consommatrices attendent avant d'acheter. Cela tue le commerce, et nous avons un simple but : dynamiser un commerce encalminé par les soldes.
FM : En juillet, une rencontre avec la ministre du Commerce devait poser les bases d'une discussion sur le sujet. Est-ce toujours d'actualité ?
DW : Ces discussions ont été reportées à plus tard. Nous avons eu effectivement cette réunion sur les soldes et promotions. Mais elle n'a pas tourné comme nous le souhaitions. Ce qui devait être une discussion s'est avérée être une réunion d'information sur la disparition des prix de référence. Et lorsque nous sommes retournés vers les ministères, il nous a été répondu que le sujet avait déjà été discuté. Nous savons que ce type d'action ne se fait pas du tout sur le court terme. Mais nous pensons que notre position, réaliste, sera entendue, car nous nous y emploierons.
FM : Les fédérations de la franchise et du commerce associé ont déploré la semaine passée le manque d'écoute de Bercy. Est-ce votre cas ?
DW : Nous sommes ravis de l'écoute de l'équipe gouvernementale. Le problème n'est pas l'écoute, c'est à nous de parler de manière concertée, et de parler assez fort. Nous sommes tous des experts de notre secteur. C'est donc à nous de porter un regard sur le secteur auprès des gouvernants. L'expérience a montré que cette démarche fonctionne (référence à la suppression des soldes flottants, ndlr). Aucun rendez-vous n'est fixé entre professionnels, mais les choses avancent. Quand je suis arrivé à la tête de la Fédération, nous n'avions pas un modèle relationnel très vertueux avec les autres fédérations. Je m'y suis donc attelé. A partir du moment où il y a des synergies, il y a des consensus à dégager.
FM : La Fédération nationale de l'habillement demande aujourd'hui à ses adhérents « vers quel modèle évoluer ? » Quelle serait votre réponse ?
DW : Je ne peux répondre que d'une manière : le commerce évolue en permanence. Les règles qui valaient un jour deviennent dépassées. Par exemple, l'ouverture dominicale. Elle me semble juste. Faut-il la restreindre ? Il me semble que le commerce se régule très bien par lui-même. Il faut rester vigilant. En ce qui concerne soldes et promotions, on peut donner des coups de pouce. En fait, je ne pense pas que la question soit juste soit « vers quel modèle aller », mais « comment accompagner vers ce nouveau modèle ».
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