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Publié le
24 févr. 2021
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Luxe: pourquoi les archives de mode se vendent autant en ces temps de Covid

Publié le
24 févr. 2021

"Les ventes, ça pleut en ce moment. Je suis submergée !" Spécialiste mode pour la maison de vente parisienne Artcurial, Clara Vivien ne chôme pas. Depuis la pandémie, les ventes d’archives de mode et de luxe s’enchaînent, battant tous les records. "Il y a toujours eu ce type de ventes, mais on note une multiplication récemment, comme un effet boule de neige. En ces temps moroses, cela amène un peu de rêve", observe-t-elle. Qu’elles proviennent de grandes maisons, de collectionneurs ou même de petites marques, ces archives mises en vente en direct ou aux enchères n’ont jamais été aussi nombreuses. Mais que ce cache-t-il derrière ce phénomène?


Ce manteau Schiaparelli de 1938 brodé par la maison Lesage a atteint 540.000 euros la semaine dernière - Cornette de Saint Cyr

 
En octobre, les quelque 300 pièces du dressing de l’actrice Jeanne Moreau avec ses robes Chanel et ses ensembles signés Yves Saint Laurent, Pierre Cardin et autres se sont envolés pour un total de plus de 200.000 euros, soit le triple de l’estimation initiale. Début décembre, c’était au tour de la collectionneuse Emmanuelle Harros, qui a ouvert avec son mari Philippe la boutique Quidam de Revel à Paris, de mettre en vente une collection de pièces seventies de Saint Laurent Rive Gauche.
 
Tout récemment, en janvier, la session organisée par Artcurial à Monaco, dédiée à la joaillerie, l'horlogerie, la mode & les accessoires de luxe, a totalisé près de 9 millions d’euros, tandis que les 11 et 12 février, la collection de la Maison Mode Méditerranée de Marseille, passée sous le marteau de l’étude parisienne Cornette de Saint Cyr, a rapporté près d’1,2 million d’euros, là encore frais d’acheteurs inclus, soit trois fois plus que prévu. A cette occasion, notamment, un manteau d'Elsa Schiaparelli en drap de laine noire aux poches rebrodées de fleurs de porcelaine, paillettes et fils d'or est parti à 540 000 euros…

Et le programme des prochains mois est tout aussi chargé, avec notamment la vente "Cartier dans ses murs" menée là encore par Artcurial et dédiée à l’univers du joaillier, le 3 mars prochain. Après une première vente record de quelque 200 créations de Martin Margiela l’an dernier, Sotheby's remet le couvert de son côté du 3 au 9 mars. Suivront, en avril, une vente de pièces Chanel vintage, et en mai, la vente événement des collections de Chantal Thomass, le 6 du mois à l’hôtel Drouot, et celle du mobilier de l’appartement parisien du couturier Kenzo Takada, le 11 dans les salons Artcurial.

Un tri dans les placards qui a permis de retrouver des pépites


 
"L’effet du Covid a joué. D’une manière générale, les collectionneurs ou célébrités disposant de garde-robes et pièces importantes ont eu le temps de se poser, de ranger leur placard et de réfléchir. La situation a fait évoluer les mentalités, les gens n’ont plus envie d’accumuler. Ils ont d’autres préoccupations et sont davantage poussés à se séparer de leurs archives", analyse Clara Vivien. Cette attitude s’inscrit dans un mouvement plus profond, illustré par l’engouement pour la seconde main, qui pousse les consommateurs désormais à acheter moins mais mieux, en redonnant vie à des produits destinés à mourir.
 
"Avec 2020, on est rentré dans un nouveau monde. Il y a un retour à l’essentiel. On n’a plus envie de gaspiller. Acheter des pièces d’archives tient de cette logique. Cela rappelle aussi des souvenirs aux gens, qui les ramènent à un monde où les choses étaient plus douces et où ils se sentaient en sécurité", enchérit Liliane Jossua qui, à l’occasion de la récente fermeture de sa boutique parisienne Montaigne Market, a mis en vente 300 pièces d’archives de tous les créateurs qu’elle a côtoyés ces seize dernières années. Ses modèles de Christophe Decarnin pour Balmain, d’Hedi Slimane pour Saint Laurent ou encore d’Alber Elbaz chez Lanvin se sont vendus comme des petits pains.
 

En janvier, cette montre Patek Philippe a été adjugée à 883.000 lors d’une vente à Monaco - Artcurial


"Ces ventes ont un réel impact à différents niveaux: culturel, sentimental, sociologique. Parfois, c’est l’occasion de redécouvrir la personne qui a porté ces vêtements et son univers, ou de s’emparer de modèles rarissimes. Les démarches de la part des vendeurs sont différentes, aussi, selon les ventes. Cela peut-être pour des raisons caritatives. Dans le cas d’une maison comme Chantal Thomass, cela permet de mettre sur le marché des modèles d’archives qui n’ont plus de raison d’être pour nourrir des créations futures. Il y a aussi bien sûr des raisons financières", poursuit Clara Vivien.

Vendre ses archives pour renflouer ses comptes


 
"Quand une maison est amenée à vendre ses archives, c’est que financièrement elle a quelques soucis. Ce type de vente est le moyen le plus simple et rapide de renflouer sa trésorerie en cas de situation délicate", souligne à son tour Hubert Felbacq, responsable du département mode et haute couture de Cornette de Saint Cyr, qui rappelle combien la charge du stockage peut s’avérer coûteuse. "Conserver les vêtements, surtout s’ils sont fabriqués dans des matériaux techniques comme le vinyle, est très compliqué et coûte très cher".
 
Tout le monde n’est pas doté de réserves privées garantissant une hydrométrie constante pour y entreposer ses vêtements en toute sécurité. Pour les marques les plus jeunes, se séparer d’une partie de ses archives est apparu également un mal nécessaire avec la pandémie, qui a durement touché de nombreux petits labels.
 
L’Américain Spencer Phipps, qui a lancé sa maison Phipps en 2018 et défile à Paris, où il est basé, a ainsi organisé début février sa toute première vente d’archives à l’occasion du déménagement de son atelier. Même initiative, la semaine dernière, pour le créateur originaire du Ghana T-Michael et le label de vêtements de pluie Norwegian Rain, qu’il a lancé en 2009 avec le designer norvégien Alexander Helle.
 
Une première vente d’archives pour le duo dont "l’objectif était de générer des revenus supplémentaires en cette période particulière, mais aussi d’offrir un regard sur les collections passées à travers une expérience spéciale, en conviant les acheteurs dans la boutique de la ruelle Sourdis, dans le Marais, comme s’ils venaient à la maison, puisque le magasin est situé au fond de cette ruelle", précise le service de presse.
 

Le tailleur haute couture Chanel et l’imper Issey Miyake de 1979 mis en vente par Ashley et Mary-Kate Olsen - The Row


Ashley et Mary-Kate Olsen, les fondatrices de la marque américaine The Row, qui a été fortement fragilisée par la crise, ont eu recours également à ce type de vente en janvier, en proposant sur leur site une trentaine de pièces griffées collectionnées au fil des ans, d’un tailleur Chanel des années 1970 à un robe kimono John Galliano en passant par une jupe-culotte Yohji Yamamoto ou une jupe Comme des Garçons.

D’autres ventes spéciales ont émaillé ce début d’année, avec derrière chacune une histoire propre. Diane von Fürstenberg a par exemple vendu aux enchères en janvier tous les stocks de ses boutiques parisiennes, qui ont été fermées lors de la liquidation de sa filiale française.

L'occasion pour particuliers et musées de dénicher des raretés


 
Autre logique pour Maison Rabih Kayrouz, qui a organisé le week-end suivant une grande vente événement dans son showroom "pour marquer un nouveau départ et créer un moment de rencontre avec ses clientes après cette année 2020 catastrophique", en leur proposant pour la première fois de son histoire des pièces d’archives.

La vente exceptionnelle de la collection de la Maison Mode Méditerranée, rassemblée en trente ans par l’initiatrice de l’institution marseillaise Maryline Bellieud-Vigouroux avec le soutien d’Azzedine Alaïa, était destinée quant à elle à financer son nouveau fonds de dotation. Avec ses pièces historiques de Jeanne Lanvin, Jean Patou, Madeleine Vionnet, Molyneux ou encore Anne-Marie Berretta, parcourant 70 ans d’histoire de la mode des années 1910 aux années 2000, elle a eu un succès sans précédent.
 
"Il est très rare aujourd’hui de trouver des pièces antérieures à la Seconde Guerre mondiale et même des années 1950. Les femmes qui les portaient sont décédées, les placards ont déjà été vidés. Cette vente a suscité un engouement incroyable, d’autant que les pièces étaient somptueuses, vraiment à la hauteur. Nous avons été contactés par pas moins de 25 musées français et internationaux. Sans parler des collectionneurs très, très actifs ou des passionnés de certaines marques. Il y a un vrai marché car c’est considéré comme un investissement", souligne Hubert Felbacq.


Un modèle prêt-à-porter de Saint Laurent Rive Gauche de l’été 1967 mis en vente en décembre par Emmanuelle et Philippe Harros - © François Benedetti



"A cela s’ajoute l’intérêt des maisons, qui ont découvert ces trois dernières décennies que les archives sont une richesse. Le mouvement s’est accéléré il y a vingt ans, alors que jusque dans les années 1990, la plupart des maisons de haute couture revendaient régulièrement leurs modèles et prototypes à des prix défiant toute concurrence pour déstocker. Aujourd’hui, beaucoup le regrettent", note-t-il. Autre cas de figure, certaines couturières comme Madeleine Vionnet ou Elsa Schiaparelli ont fait des dons à des musées pour que leurs créations leur survivent.

Des maisons qui rachètent leurs propres archives


 
De même que les maisons de mode se sont dotées d’un service de vente ces dernières années, les principales griffes ont toutes désormais un service et un directeur de patrimoine, rachetant sur le marché leurs propres archives. Celles qui ne les ont pas jetés conservent désormais les vêtements et même les carnets de commandes.
 
"Yves Saint Laurent a compris dès les années 1960, qu’il fallait garder beaucoup de pièces. C’est ce qui permet aujourd’hui à sa fondation d’organiser des expositions. Des puissances financières telles que LVMH et Dior se sont activées pour reconstituer leurs archives. L’exposition de Dior au musée des Arts Décoratifs en 2017 a eu un retentissement sans précédent. Tout le monde en a parlé. C’est un facteur de publicité dérivée pour la marque", indique le commissaire-priseur.

"Certaines créations sont vendues plus chères que des œuvres d’art"


 
Selon lui, il est très complexe d’estimer les pièces de haute couture. "Les prix n’ont aucune régularité". Cela dépend de la rareté du modèle, sachant que plusieurs clientes ont pu commander le même exemplaire. Dans ce cas, la première vente emportera le morceau. "Cela fonctionne aussi si la pièce correspond à la période phare du créateur. Certaines créations sont vendues plus chères que des œuvres d’art", ajoute-t-il.
 
Dans d’autres cas, c’est l’iconographie ou l’histoire autour du modèle qui fera la différence. Ainsi la paire de mules Roger Vivier, portée par Jeanne Moreau dans le film La Grande Catherine de Gordon Flemyng, a atteint tous les records. Il arrive aussi que la réédition de pièces iconiques de la part des maisons créent un réel engouement pour les modèles originaux en faisant monter leur cote.
 
L’explosion des ventes en ligne engendrée par la pandémie a fait évoluer le profil des acheteurs de pièces d’archives, qui s’est diversifié avec l’arrivée sur ce marché d’un nouveau public, des fans de mode en quête de pièces uniques et originales aux consommateurs friands de bonnes affaires. Autant dire qu’avec la mode, synonyme d’éternel recommencement, les collections d’archives devraient défiler encore longtemps dans les salles de vente.
 
 

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